L’École judiciaire fête ses 25 ans

Le 26 février 1997, les dix femmes et les quinze hommes qui intégraient la  48e promotion de juges espagnols ont commencé leurs cours à l’École judiciaire du Conseil général du pouvoir judiciaire, inaugurée huit jours auparavant.  Un quart de siècle après, au sein de ses installations – situées à Barcelona, en pleine chaîne de Collserola - y sont passé un total de 3.569 élèves, dont les 65,6 pour cent étaient des femmes.

La mise en marche de l’École judiciaire a supposé un changement radical quant au type de préparation des juges jusqu’alors, puisque la matière cessa de dépendre du Pouvoir exécutif pour être assumée dans son intégralité par le CGPJ, ce qui a permis d’offrir aux membres de la Carrière judiciaire, ainsi qu’à ceux qui aspirent à y entrer, une formation différenciée du reste des professions juridiques. 

Dorénavant, et durant les vingt-cinq ans passés depuis lors, les dizaines d’hommes et de femmes qui ont fait partie de l’École judiciaire ont travaillé afin d’atteindre l’objectif établi dans l’article 307.1 de la Loi organique du pouvoir judiciaire : fournir aux juges espagnols une formation  « intégrale, spécialisée et de haute qualité ».

Les juges en stage 

À la rubrique des données statistiques, on peut consulter les données de la dernière promotion incorporée à l’École judiciaire, la 72e, ainsi que les données accumulées depuis le début de l’École judiciaire à Barcelone https://www.poderjudicial.es/cgpj/es/Temas/Escuela-Judicial/Formacion-Inicial/Estadisticas/

La formation initiale : la méthode des cas

Une fois le concours réussi, quiconque aspirant à embrasser la Carrière judiciaire doit réussir un cours qui comprend trois phases: un programme théorico-pratique de formation multidisciplinaire, une période de stage dans différents organes de tous les ordres juridictionnels et une étape finale dans laquelle les juges en stage remplissent des fonctions de substitution et renfort.

Certaines méthodologies utilisées par l’École judiciaire ont été reconnues au niveau européen en tant que meilleures pratiques pour la formation judiciaire : l’une d’elle est l’utilisation de l’affaire pratique non classée via le Tribunal virtuel.

Partant du principe que, à l’École judiciaire, il ne s’agit pas de transmettre des connaissances déjà censées acquises, sinon de surtout les appliquer, la méthode du cas constitue la colonne vertébrale de l’activité professorale et s’est perfectionnée jusqu’à développer trois variations distinctes :

L’affaire classée : le travail se centre sur les dossiers judiciaires réels déjà résolus dans les tribunaux de toute l’Espagne. Les juges  en stage élaborent des exposés à partir de ce matériel et des débats participatifs sont fomentés. Le but est de se mettre en conditions de résoudre le litige en rendant la sentence, ayant visualisé au préalable, le cas échéant, l’enregistrement complet du procès.

L’affaire séquentielle : basée sur la réception progressive de l’information, elle s’initie par la remise aux élèves du type de documents avec lequel un citoyen irait chez un avocat. Grâce à ceux-ci, ils prépareront le schéma d’une action en justice, qu’ils compareront ensuite avec l’action réelle, afin d’avancer pas à pas dans le déroulement de l’affaire. Le dernier jour du stage - cela dure en général une semaine - ils doivent rendre la sentence.

L’affaire non classée : en étroite collaboration avec plusieurs tribunaux, certaines affaires qui y entrent arrivent également simultanément et, grâce aux nouvelles technologies, à l’École judiciaire qui fonctionne comme un « Tribunal virtuel ». Les élèves suivent la démarche et les incidents de la procédure et assistent à distance au déroulement des actes programmés, généralement des procès-verbaux et des audiences préalables de jugement ordinaires. Lors de la clôture, ils doivent rendre la sentence et ceci en disposant de la même information que celle dont dispose le titulaire du tribunal et avant que celui-ci ne le fasse.

La vocation internationale de l’École judiciaire

Depuis sa création, l’École judiciaire du Conseil général du pouvoir judiciaire a eu une ferme vocation internationale qui se traduit dans sa participation active dans des réseaux de formation judiciaire dans le domaine de l’Union européenne, d’Ibéro-Amérique et du monde arabe.

Ainsi, l’École est membre du Réseau européen de formation judiciaire (REFJ), qui intègre les Écoles judiciaires et les organismes  responsables de la formation des juges dans les Etats membres de l’Union européenne ; du Réseau Ibéro américain des écoles judiciaires (RIAEJ), qui regroupe une trentaine d’écoles judiciaires et d’instituts ibéro américains de formation de juges et procureurs; ainsi que le Réseau euro-arabe pour la formation judiciaire (REAFJ).

En outre, l’École judiciaire est le siège principal de l’Aula Iberoamericana  (École ibéro américaine), une initiative mise en marche par le CGPJ à la demande des  présidents des  Courts suprêmes et des Tribunaux suprêmes de justice ibéro-américains en 1997. Depuis lors, un total de 3.724 magistrats, juges et autres travailleurs juridiques ont participé aux 149 activités développées dans le cadre de ce programme.

Commémoration du 25e anniversaire

Le Conseil général du pouvoir judiciaire a mis en marche différentes initiatives pour commémorer le vingt-cinquième anniversaire de l’École judiciaire, qui comprend l’édition d’un livre édité en version espagnole et anglais ainsi que espagnol-catalan, toutes deux disponibles sur la page web www.poderjudicial.es en format pdf.

On a également élaboré une vidéo institutionnelle – qui peut aussi être visionnée sur la page web - qui servira désormais de présentation de l’École, et des campagnes ont été menées sur les réseaux sociaux Twitter et Instagram via les profils institutionnels @PoderJudicialEs et @Esc_Judicial avec l’étiquette #25aniversarioEscuelaJudicial.

Enfin, le 25  mars  2022 a eu lieu, dans l’enceinte art-nouveau  Sant Pau de Barcelone, un acte de reconnaissance à quiconque ayant travaillé à l’École au cours de ces 25 dernières années : directeurs, professeurs et personnel auxiliaire et administratif.

Durant l’acte, le président du Tribunal suprême et du Conseil général du pouvoir judiciaire, Carlos Lesmes, a souligné « le lien indéfectible » unissant tous ceux qui font partie de la magistrature espagnole et l’École judiciaire « car celle-ci est bien plus qu’un simple centre de formation pour les juges espagnols » ; tandis que le directeur du centre, Jorge Jiménez, a assuré que l’École est « une référence formative mondiale » et « une grande ambassadrice du Conseil général du pouvoir judiciaire et de notre pays ».

L’enregistrement de l’acte commémoratif peut être visionné sur le lien suivant :

https://www.poderjudicial.es/cgpj/es/Poder-Judicial/En-Portada/El-presidente-del-TS-y-del-CGPJ-destaca-el--inquebrantable-vinculo--de-la-judicatura-espanola-con-la-Escuela-Judicial